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Interview de Jacques Salomé

Anaïs EUVERTE post on octobre 26th, 2013
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Bonjour,

Je vous partage cette interview de Jacques Salomé, éclairante comme toujours 🙂

http://www.dailymotion.com/video/xvwzd2_interview-exclusive-de-jacques-salome_lifestyle

 

 

Bonne mise en pratique !

 

 

De la victimisation à la responsabilisation

« L’important, ce n’est pas ce qu’on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu’on a fait de nous ». (Sartre)

Connaissez-vous les affres de la victimisation ?

En voici quelques exemples :

« Je suis seul contre tous ».

« Personne ne m’aime ».

« Mon chef me persécute ».

« Mon conjoint ne fait pas attention à moi »

« Mes enfants ne m’écoutent pas ».

J’imagine que vous connaissez d’autres exemples du même ordre ;).

Il peut y avoir un fond de vérité dans ces affirmations, et aussi certainement de l’exagération…

Ces phrases sont des plaintes, elles reviennent à considérer que nous ne sommes responsables de rien, et que le problème se trouve chez les autres.

C’est une tendance que nous pouvons tous développer lorsque nous avons grandi avec le système SAPPE : nous considérons que les problèmes viennent des autres et que si nous nous trouvons dans une situation inconfortable ou difficile, c’est à cause de l’autre, de ce qu’il a dit ou fait ou de ce qu’il n’a pas dit ou pas fait… Or il est utile de rappeler que nous n’avons pas le pouvoir de changer les autres et de les rendre par exemple plus aimants, solidaires, attentionnés, présents…

Il y a beaucoup de (mauvaises) raisons d’attribuer ainsi la responsabilité à l’autre et de nous décharger de la nôtre. Le premier bénéfice est de garder intacte la bonne image que nous avons de nous-même et d’éviter une remise en question douloureuse.

L’apprentissage de la responsabilisation

Il me semble que la tâche la plus importante et la plus difficile dans les relations humaines est l’apprentissage de la responsabilisation : assumer pleinement nos ressentis, nos pensées et nos comportements. C’est-à-dire arrêter d’en attribuer la responsabilité aux autres…

Prendre pleinement conscience que nous sommes partie prenante de ce qui nous arrive et de ce que nous en faisons est une expérience qui peut s’avérer douloureuse. Elle nous montre avec lucidité que nous sommes seuls responsables de notre vie. Cela peut nous mettre en face de nos faiblesses parfois, de nos imperfections, de nos incohérences…

En même temps, il y a quand même une bonne nouvelle :). Si nous sommes responsables de ce que nous vivons, nous pouvons changer des choses dans notre vie, si celle-ci ne nous satisfait pas. Nous ne sommes pas victimes de ce qui nous arrive.

Il s’agit de commencer à se demander : face à cette situation, de quoi ai-je besoin? Qu’est-ce que je souhaite ? Qu’est-ce que je mets en place pour amorcer un changement? Au lieu de se complaire dans la plainte…

Deux mots sont associés pour moi à l’apprentissage de la responsabilisation :

humilité : pour aller à découverte de qui je suis, prendre conscience de ma façon d’être en relation, et accepter de me remettre en question…

puissance : je la découvre chaque fois que j’accepte de me responsabiliser. J’assume ce qui se passe dans ma vie, ce que je dis, ce que je fais et je trouve en moi le moteur du changement

Se responsabiliser permet de se connecter à ses forces profondes et donne la liberté d’être soi.

Je vous invite à vous faire ce cadeau-là chaque jour, celui d’être un peu plus responsables de vous-mêmes : vos relations en seront transformées.

Pour vous y aider, je vous propose d’utiliser l‘écharpe relationnelle, un outil de la Méthode ESPERE® qui peut vous permettre de vous responsabiliser dans les situations que vous rencontrez.

Je vous souhaite une bonne mise en pratique. Vos témoignages dans les commentaires sont les bienvenus !

La relation klaxon

DSCN2488Je vais évoquer aujourd’hui avec vous un mode de communication très fréquent : l’habitude que nous avons de parler sur l’autre et non à l’autre. Jacques Salomé a appelé cette façon de communiquer la relation klaxon, car elle consiste à dire sans cesse « tu…tu…tu… » 🙂

En voici un exemple : « tu n’écoutes pas ce que je te dis…tu as encore fait ceci…tu devrais faire plus attention… ».

Si nous imaginons le lien qu’il y a entre nous et l’autre et que nous le visualisons par une écharpe (voir mon article sur l’écharpe relationnelle), lorsque nous disons « tu », nous ne sommes plus à notre bout de la relation, mais à celui de l’autre. Nous quittons notre place dans la relation pour venir prendre en quelque sorte celle de l’autre.

Le « tu » consiste donc à parler sur l’autre. Jacques Salomé nous dit à ce sujet que nous vivons dans une culture de l’hétéro-définition : c’est-à-dire que nous passons notre temps à définir les autres, sans nous positionner nous-mêmes. Le « tu »nous permet de faire l’économie de notre responsabilité dans la relation. Il est ainsi plus facile de parler sur l’autre que de prendre le risque de parler de soi.

Comment vous sentez-vous habituellement lorsque quelqu’un vous parle en disant « tu » ? Personnellement, je peux me sentir un peu oppressée, moins libre et cela me donne envie de prendre de la distance avec l’autre. Le « tu » entrave la créativité et la souplesse des échanges. Il génère des rapports de nature dominant/dominé : l’un sait mieux que l’autre ce qui est bon ou pas, ce qu’il faut penser, dire, faire…

Cela commence très tôt dans notre vie puisque la relation klaxon est très pratiquée envers les enfants. Parents et enseignants ont souvent tendance à user et abuser du « tu ». Cela est assez contre-productif. Certes l’adulte est en position de force, de par son statut. Employer le « tu ne fait qu’aggraver ce déséquilibre et ne laisse pas d’autre choix à l’enfant que de se soumettre ou de s’opposer. Il n’accède pas à sa liberté d’être.

C’est pourquoi l’usage du « tu » est toxique. Il étouffe les relations au lieu de les rendre vivantes.

Si vous acceptez de laisser tomber l’usage du « tu » (si, si, c’est possible ;)), vous expérimenterez par vous-même une petite révolution. Celle de pouvoir dire à quelqu’un par exemple « je te demande de m’écouter », au lieu de « tu ne m’écoutes pas ».

J’espère que vous pourrez constater à quel point cela change la qualité des échanges et de la relation. Il s’agit bien de sortir d’un rapport de force : je ne sais pas à la place de l’autre ce qui est bon pour lui (mais par contre, je peux déjà savoir pour moi, ce sera déjà bien!). Ainsi, j’arrête définir l’autre, de vouloir lui dicter sa conduite mais je peux commencer à témoigner de moi, me définir, me positionner…

Chaque fois qu’il est possible, je vous propose donc d’abandonner la relation klaxon et d’utiliser le « je ». Pour cela, je vous invite à lire ou à relire mon article consacré à l’apprentissage du « je.

Bonne mise en pratique !

Je réponds à vos questions dans les commentaires, si vous en avez.

PS : si vous ne l’avez pas encore fait, je vous propose de vous abonner à mon blog, c’est gratuit et je vous enverrai une charte du bien-être relationnel, ainsi que les prochains articles.

Attention : le manque d’écoute nuit gravement à notre humanité

J’écris cet article pour vous faire part d’une colère présente en moi, très forte, face à certains dysfonctionnements de nos institutions.

Derrière les institutions : service social, tribunal, commissariat, sécurité sociale, école…. il y a des personnes. A condition qu’elles ne cherchent pas à se retrancher derrière leurs fonctions et leurs institutions.

En tant que professionnels, nous avons un pouvoir, non pas magique mais un pouvoir lié à nos fonctions : le pouvoir d’accorder ou non un entretien à une personne, de la faire accéder à tel ou tel droit, de donner suite à une demande…

Que faisons-nous de notre pouvoir ? Cherchons-nous à l’utiliser contre l’autre afin de garder la position dominante ? Empiétons-nous sur l’espace de liberté d’une personne en décidant à sa place ce qui est bon pour elle?

La personne que nous recevons est un autre, c’est un être différent, avec un cheminement qui lui est propre.

Dans ma pratique professionnelle, je vois trop de personnes qui sont jugées par rapport à ce qu’elles vivent, trop de personnes qui se voient refuser des droits parce que celui qui la reçoit n’a pas le temps, est débordé ou même agacé…

Savons-nous encore voir la personne au-delà de sa demande ? Savons-nous qu’une personne pleine d’émotions, de ressources, de blessures, est là devant nous ?

Récemment, j’ai vu une personne victime de violences conjugales menacée de mort, se voir reprocher par un professionnel de la justice le fait d’avoir été en couple avec cet homme. Ce professionnel sait-il qu’il exerce une violence supplémentaire à l’encontre de cette personne, que celle-ci s’en remettra d’autant plus difficilement que cette institution devrait au contraire la protéger?

Une autre personne s’est vue refuser l’accès à un service social pour une aide alimentaire avec son enfant, au motif qu’elle ne réside pas depuis plus de 3 mois dans l’arrondissement (mais seulement depuis 2). Rien à faire, aucune exception à ce principe n’a été possible.

Oui, il arrive que les administrations aient ces réponses-là, déshumanisées, déconnectées de la réalité de la souffrance des personnes. Toute institution est susceptible de produire ce type de dysfonctionnements.

Il s’agit là de violence institutionnelle. Une violence aveugle, acerbe, administrative, efficace… Une violence qui nous déshumanise, de celle qui nous fait perdre espoir dans le genre humain. Une violence, c’est ce qui nie l’altérité.

 Il est urgent de réintroduire de l’éthique, de l’écoute dans nos relations.

Je travaille avec des personnes victimes. Quand je souligne des abus de pouvoir (refus de prendre des plaintes de la part de la police, propos culpabilisants sur la victime du type « c’est de votre faute », propos jugeants de la part d’avocats..), on me répond que le personnel n’est pas formé à l’accueil des victimes et qu’il faut les former. Personnellement, je ne crois pas qu’il s’agisse de recevoir des victimes en tant que victimes, mais déjà simplement en tant que personnes (ce serait déjà un progrès!)

Pour avoir travaillé en milieu carcéral et ensuite auprès des personnes victimes, je me suis toujours efforcée de recevoir la personne en tant que personne, non parce qu’elle était victime ou auteur. Je me suis attachée autant que je le pouvais à faire la distinction entre la personne et sa demande, entre la personne et son comportement.

C’est une question d’éthique, pas d’étiquette selon moi…

Doit-on faire des formations à l’éthique ? Doit-on enseigner que chaque personne a besoin d’être entendue et respectée, quelle que soit sa situation ?

Peut-être, après tout…

Ce que je sais maintenant, c’est qu’en chacun d’entre nous, il y a des zones d’ombre et que nous pouvons aussi devenir cet autre déshumanisé si nous n’y prenons pas garde.

A chacun de se rappeler que la violence peut poindre en soi, si nous ne sommes pas vigilants. Car nous pouvons aussi faire partie de ces personnes qui n’ont pas le temps, se retranchent derrière leur hiérarchie, et ne voient plus les gens au-delà de leurs simples demandes. Nous pouvons être cet autre qui utilise son pouvoir de façon négative.

 A chacun d’entre nous de se montrer vigilant pour construire une société plus humaine.

 A chacun aussi de s’insurger lorsque c’est nécessaire contre des violences inacceptables.

Allez, je m’arrête 😉

Je vous souhaite un excellent week-end, et je vous invite  à partager cet article si vous aussi vous souhaitez introduire plus de conscience dans ce monde pour produire moins de violence.