Pour vivre des relations plus apaisées et authentiques, je vous propose d’expérimenter le «je ».
Dire « je » est la règle d’hygiène relationnelle la plus importante de la Méthode ESPERE®. Elle consiste à parler de soi à l’autre et à arrêter de parler sur l’autre. Plus j’emploie le « je », plus j’évite l’usage du « tu » et du « on ». En faisant cela, je sors de la communication « en conserve » et je pratique une communication bienveillante et authentique.
Dans cet article, je vais vous donner des conseils pour apprendre à parler de vous.
Tout d’abord, je tiens à vous dire que parler de soi n’est pas un acte égoïste. Le « je » proposé ici n’est pas un « je » égocentrique. C’est un « je » en direction de l’autre.
Parler de soi favorise la relation à l’autre puisque cela permet de se positionner et donc de trouver sa juste place en face d’autrui. Bien sûr, il importe de tenir compte de la disponibilité de la personne à qui nous souhaitons parler.
Parler de soi et non discourir sur soi… ou sur l’autre !
Parler de soi consiste à partager avec l’autre ce que nous avons à l’intérieur de nous.
A ne pas confondre avec les discours sur soi, qui consistent à se donner des étiquettes. Les étiquettes sont des généralisations, des jugements de valeur qui nous enferment. Elles servent d’ailleurs assez souvent d’alibis à des comportements : « je suis comme ça, je ne changerai pas ! ».
Ainsi, beaucoup de personnes utilisent le « je » mais pourtant elles ne parlent pas d’elles ! Si je dis par exemple : « je suis quelqu’un de timide » ou « je m’énerve facilement » ou « je suis nul », peut-être aurez-vous l’impression que je parle de moi et pourtant je n’aurai fait que parler sur moi, me mettre des étiquettes qui vont au contraire m’éloigner de l’autre dans un échange superficiel.
Pareillement, parler de soi ne consiste pas à dire « je pense que » et à parler ensuite sur l’autre. « Je pense que tu es incompétent. » par exemple est un discours sur l’autre.
En résumé, ce n’est pas parce que votre phrase débute par un « je » que vous parlez de vous ! 😉
Comment parler de soi ?
Parler de soi consiste à dire à l’autre quelque chose que j’ai à l’intérieur de moi.
Ce peut être :
– un ressenti,
– une émotion,
– un sentiment,
– une idée,
– une pensée,
– une demande,
– un refus,
– une interrogation…
et plein d’autres choses encore ! Il s’agit de quelque chose d’authentique présent en moi et que j’ai le désir de communiquer à l’autre, en tenant compte de notre relation.
C’est pourquoi parler de soi ne peut se faire sans s’écouter au préalable.
Ainsi, avant de parler de moi, j’ai d’abord à m’écouter et à me parler à moi-même 😉
Il n’est pas toujours aisé de savoir ce qui nous habite, c’est pourquoi je vous invite à prendre le temps de vous écouter et de vous reconnecter à vos émotions. Pour chaque situation de la vie, il s’agit de commencer à se demander : « qu’est-ce que je ressens ? Comment je vis cela ? Qu’est-ce que je souhaite ?».
Il sera utile de différer par exemple une réponse à une demande pour pouvoir s’écouter et savoir ce que nous voulons réellement.
Je suis responsable de ce que je dis
Parler de soi implique d’assumer la responsabilité de ce que je dis et de ce que je ressens, sans vouloir l’attribuer à l’autre.
Je peux dire en effet « je suis en colère » mais si j’ajoute « à cause de toi », alors je tombe dans la culpabilisation et je ne suis plus dans une communication bienveillante.
Pour mieux communiquer, il est possible de dire : « quand j’entends tes propos, je me sens en colère…. ».
Quand je parle de moi, je suis responsable de ce que je dis et non de ce qui se passe chez l’autre. Je suis responsable de mon bout de la relation, pas de celui de l’autre. Je vous invite à lire ou à relire à ce sujet mon article sur l’écharpe relationnelle.
Et vous, est-ce que vous avez commencé à pratiquer la communication avec le « je » ? Je vous invite à partager dans vos commentaires, vos réussites, vos difficultés et vos interrogations.
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Bonne mise en pratique !
Je te remercie Anaïs pour ce partage. Cela me parle bien.
Au lieu de me dire « Je suis nul (ou quelqu’un de nul) », j’entends que je peux me dire « Je me sens nul, là maintenant, de ne pas pouvoir pour l’instant apporter une réponse satisfaisante à mon fils ». Cas concret de ce matin !
Très cordialement, Patrice
Merci Patrice pour ton exemple concret.
Concernant « je me sens nul », je me demande quand même si ce ne serait pas une dévalorisation;:) « Nul » n’est pas un ressenti, je pense. Je propose à la place : « je me sens impuissant » ou « en difficulté ». Qu’en penses-tu?
Bien à toi,
Anaïs
« En difficulté » me parait pas mal c ‘est simple alors que « impuissant » represente quelquechose de beaucoup plus fort. Ce dernier mot represente plutot l ‘echec total.
Je pense qu il vaut mieux utiliser des mots simples car l’ interlocuteur pourrait ne pas se montrer receptif a des mots trop forts et pourrait conclure a une plainte exagérée et donc non reellement « ressentie » ni sincère.
Merci anais pour ces précisions sur le « je » : tu propose un je sur ce qui se passe réellement a l interieur de soi et non n importe quel « je ».
Je trouve très difficile d’employer le « je » lorsque je suis sous l’emprise d’une forte émotion comme la colère, la tristesse ou la frustration… Dans ces moments là j’en veux terriblement à mon conjoint et j’attends de lui qu’il change d’attitude mais je me sens tellement débordée par ces émotions négatives, je ne résiste pas au « tu » agressif et accusateur (tout en ayant tout à fait conscience que je suis dans l’erreur) et je me sens absolument incapable d’exprimer mes émotions en utilisant le « je », de sorte que j’attends de lui, ou des autres, qu’ils comprennent ce qu’il se passe en moi d’eux-même…
Peut être essayer de dire je dans des circonstances plus anodines
Bonsoir Emilie,
merci pour votre témoignage car je pense que vous n’êtes pas la seule à vivre des moments de réactionnel 😉
En fait, tous ces moments où nous sommes en colère, énervés, agacés, tristes… sont le signe que quelque chose est touché en nous, réactivé par la situation présente mais en réalité beaucoup plus ancien. Cela s’appelle le retentissement : une situation inachevée ou une blessure ancienne est réveillée par un événement parfois anodin…
Je vous inviterais à tenter de vous écouter pour savoir ce qui est touché en vous lorsque vous avez ces réactions. Si cela vous est difficile (il n’est pas toujours facile de faire le lien entre la situation présente et celle de notre passé), il est toujours possible de le travailler en consultation ou en atelier.
Par ailleurs, si vos paroles ont dépassé votre pensée lorsque vous étiez sous le coup de la colère par exemple, je vous invite à reprendre la situation avec la personne une fois que vous êtes apaisée : il sera sans doute plus facile de dire « je » à ce moment-là, sur le mode « quand tu fais cela, je me sens en colère… » par exemple.
Le chemin de la communication nous réserve beaucoup de découvertes et il y a quelque chose de très important que j’ai appris : plus je prends soin de moi, plus je me responsabilise, moins j’ai besoin d’accuser les autres 😉
Etre dans la bienveillance envers soi-même est un véritable cadeau à se faire.
Bonne soirée Emilie,
Anaïs
Merci beaucoup pour vos réponses.
Bon dimanche,
Emilie