Le lien à nos parents

Anaïs EUVERTE écrit le 21 janvier 2016
Publié dans La relation parent-enfant Tags: , , ,

Je réponds aujourd’hui à une question :

« Bonjour, j’ai 52 ans et je ne parle plus à mon père depuis 2 ans. à l’aulne de mes 50 ans il m’a demandée de fêter mon anniversaire comme il l’avait prévu pour moi. J’ai refusé car cela ne correspondait pas à mon souhait . Depuis il a rompu le dialogue . Je l’ai rappelé 2 ou 3 fois pour avoir des nouvelles, une fois pour lui souhaiter mes vœux il y a 2 ans ; il m’a dit regretter ce qu’il avait fait , qu’il était content que j’appelle et j’ai pensé que la relation pouvait reprendre. Mais non, il n’a jamais rappelé. Le contexte familial est dense, père très violent dans mon enfance, alcoolique, tyrannique, mère alcoolique pour oublier les sévices. Il m’ a mise à la porte quand j’ai eu 18 ans car je ne voulais pas(déjà) lui obéir, c’est à dire travailler et lui donner mon salaire, entre autre… j’ai mis des années à lui pardonner , (des années d’accompagnements thérapeutique) de solitude, de désespérance, de cauchemars. J’ai repris une relation avec lui pendant de longues années; cela allait, même s’il avait parfois des crises de colère intense contre d’autres que moi. A 50 ans j’ai eu besoin d’en finir avec ma peur de lui dire non car je voulais être libre. J’ai eu des gros soucis de santé les années précédentes et j’ai réalisé que j’avais le droit de vivre maintenant. Mais voilà je culpabilise, je savais que si je disais non c’en serait fini. Et je ne sais pas comment orienter mon discours intérieur, que lire, pour m’éclairer et accepter que je ne le reverrai peut être jamais. Je me sens blessée, rejetée . Mais en même temps , libre ; Est-ce le prix à payer. Merci de votre écoute »

Merci  pour votre témoignage. Vous décrivez très bien comment il est parfois impossible de garder une bonne relation avec ses propres parents, surtout quand il y a eu de la maltraitance dans l’enfance.

Et probablement que la petite fille que vous étiez aurait encore besoin de l’approbation, de l’amour de son père. Sauf que l’adulte que vous êtes a compris, je crois, que cette approbation ne viendrait pas et que vous pouvez vivre sans.

Il n’y a que vous qui pouvez savoir si la relation avec votre père est bonne pour vous ou pas.

Ce qu’il serait possible de faire, c’est de continuer à rappeler le lien, comme vous avez pu le faire : en appelant ou en envoyant une carte pour les fêtes et les anniversaires. Ainsi, vous continuer à signifier, à lui et à vous-même que vous êtes bien sa fille, vous vous reliez à lui à certains moments de la vie. Vous n’êtes pas obligée de vous laisser définir par ses silences. Et vous n’êtes pas non plus obligée de conserver une relation suivie avec lui.

Ainsi, même si lui ne souhaite plus être en relation avec vous, vous pouvez maintenir un lien, symboliquement… à condition que ce soit bon pour vous, bien sûr, donc je vous invite à écouter ce qui est le plus juste pour vous.

Au-delà, et même si vous dites que vous avez fait des années de thérapie, il peut être judicieux de vous faire accompagner dans cette nouvelle étape de votre vie, si vous vous sentez en souffrance.

Je vous invite également à lire les articles que j’ai écrits sur la restitution symbolique, je pense que cette démarche pourrait vous aider à vous libérer des violences que vous avez reçues :

https://blog-espere.com/comment-faire-une-restitution-symbolique-avec-la-methode-espere/

 

Je vous recommande aussi de lire les livres d’Alice Miller, qui justement déculpabilisent les ex-enfants ayant été maltraités et ayant arrêté les relations avec leurs parents.

Vous pouvez lire « C’est pour ton bien » par exemple.

 

Je vous souhaite plein de bon dans votre vie.

6 responses .

  1. Béatrice Clément dit :

    Je viens à peine de terminer la lecture du livre d’Alice Miller, je ne suis pas sûre qu’il déculpabilise. Par contre, veiller à se donner à soi même l’approbation, l’amour inconditionnel, l’accueil, la bienvenue… pour renforcer toujours plus les liens avec son être intérieur. Savoir que le vrai amour me laisse libre et que j’ai toujours le choix de me choisir. Et un jour me pardonner de m’être laissée enfermée dans cette souffrance, cette culpabilité. Me désidentifier de cette souffrance, culpabilité, car je ne suis pas que cela pour aller vers plus d’autonomie, de liberté, pour jouer de plus en plus ma propre partition dans la vie et ainsi embrasser la Vie…

    Je propose la lecture de John Bradshaw, « Retrouver l’enfant en soi », pour être pour son enfant intérieur le parent bienveillant qui lui a parfois manqué et sortir ainsi de la dépendance. Après sa lecture, je me suis fabriqué un jeu de cartes et pendant un an, chaque matin, j’en ai tirer une pour nourrir cette relation à moi-même. J’en tire une au hasard et vous en confie le contenu : d’un côté, un message à l’enfant intérieur « Tu peux compter sur moi! », de l’autre un message du parent intérieur « m’entourer de personnes positives, aimantes! ».
    J’en profite aussi pour dire que les démarches symboliques (l’ebook) m’ont inspirée. Je me ainsi suis offert une bague, pour symboliser cet engagement envers moi-même de ne pas me laisser tomber.
    Bonne continuation, Béatrice

    • Bonjour Béatrice,

      Merci pour votre avis sur le livre d’Alice Miller et le conseil du livre de John Bradshaw.

      Merci aussi pour votre témoignage sur vos démarches personnelles et bravo pour votre créativité !

      Bien à vous,

      Anaïs

  2. Caroline dit :

    Le livre « Je t’en veux, je t’aime » d’Isabelle Filliozat propose d’excellentes pistes à ce sujet.

  3. patrick dit :

    pour ma part j ai une sœur qui me perturbait . j ai étudié deux livres sur les personnalités toxiques et j ai fini par la retrouver sans une des classifications ( proximité avec l autisme/ absence de communication , de réponse au telephone par exemple ) suite au conseil d une sophrologue , j ‘ai rompu sans le dire .( situation jugée inextricable ) j ai rompu dans ma tète mais je dois pour des raisons familiales la voir une ou deux fois par an. je m’en suis trouvé très bien d’avoir pris cette option plutôt que d ‘être dans une attitude de chercher a recoller les morceaux coute que coute .
    J ai arrêté d’être à ses souhaits . Elle viens de s’excuser ce matin suite a une maladresse notoire de sa part . ce qui n ‘arrivait jamais avant .

  4. sandie dit :

    Bonjour Anaïs,
    Merci beaucoup pour ce blog qui est très instructif.
    Je suis, comme dirait Jacques Salomé, une handicapé de la communication. J’en ai pris conscience et je cherche à changer cela. Je pense également que beaucoup de blessures de mon enfance ne sont pas réglé et que cela explique beaucoup de choses. Je souhaiterai mettre en pratique les démarches symboliques. Je me suis inscrite à votre blog mais je n’ai pas reçu votre Ebook, pourriez vous me le renvoyer s’il vous plait? Merci par avance