Dire « je » ne suffit pas pour parler de soi

Je voudrais dans cet article revenir sur une règle d’hygiène relationnelle enseignée par la Méthode ESPERE® de Jacques Salomé, selon laquelle je parle de moi à l’autre et j’apprends à ne plus parler sur l’autre.

Pour simplifier, il s’agit effectivement de dire « je » le plus possible et « tu » le moins possible.

J’ai constaté parfois dans ma pratique professionnelle que certaines personnes s’en tiennent à cela et pensent qu’il suffirait de dire « je » pour bien communiquer.

L’idée en disant « je » est toujours de parler de soi et d’arrêter de parler sur l’autre. Or si je dis par exemple « je pense que tu exagères », il y a certes un « je » mais il s’agit d’une parole sur l’autre, donc non personnalisée.

Pour parler de soi, il s’agira donc d’arrêter de parler sur l’autre, même avec des « je pense », « j’espère », « je crois »…

Parler de soi signifie témoigner de ce que l’on a à l’intérieur de soi,  de ce que l’on vit,  de ce que l’on ressent… 

Je sais, cela pourra paraître difficile à beaucoup de personnes. Pourtant se positionner, exister dans une relation passe par cette étape.

Pour vous y aider, voici la question clé que vous pouvez vous poser chaque fois que vous êtes tenté de parler sur l’autre et de dire « tu » :

« qu’est ce que cela me fait ? » ou bien « qu’est-ce que je ressens ? »

Exemple : mon fils est en retard en rentrant de l’école. Je peux être tentée de le gronder et de lui dire : « tu es en retard, tu me fais des frayeurs, tu te fiches de ce que je ressens… » C’est-à-dire une culpabilisation : je fais porter à l’autre la responsabilité de ce que je ressens.

L’autre possibilité, que je vous propose, serait de se demander : qu’est-ce que je ressens quand mon fils rentre en retard de l’école ?

Peut-être de la colère, de l’inquiétude, du soulagement quand je le vois rentrer…

Il serait alors possible de dire cela simplement : « j’étais inquiète de ne pas te voir rentrer, je suis en colère par rapport à ce retard… ».

A travers ce « je », il y a une responsabilisation de la personne qui parle… et un espace pour celui qui écoute qui va pouvoir se positionner à son tour peut-être…

A chacun son bout de la relation… Je vous invite à tenter l’aventure !

Pour apprendre à parler de vous, je vous invite à consulter également cet article : « Mieux communiquer en disant « je » « .

5 responses .

  1. Sylvain Salaün dit :

    Bonsoir Anaïs. Merci pour tes écrits que je lis toujours avec beaucoup d’intérêt. Mais je ne suis pas toujours convaincu.

    Ce « je », si mportant pour J Salomé, me semble tellement envahissant. Et comme une barrière, plutôt une baudruche, qui vous envahit et vous empêche de vous préoccuper de l’autre.

    Je ne suis pas clair ce soir et j’espère n’être pas trop brutal ou stupide dans mes propos, pleins de « je », comme tu l’auras remarqué.

    Alors un peu de « tu » pour finir. TU m’as beaucoup apporté comme collègue et amie, et pas seulement comme juriste. Nos échanges passés continuent de nourrir mon présent. Je profite de ce message pour t’en remercier.

    Je te souhaite le meilleur et, dejâ, de bonnes fêtes de Pâques.

    • Anaïs dit :

      Sylvain,

      Merci du fond du coeur pour ce précieux message.

      J’entends tes doutes par rapport au je, dire je peut être mal perçu car certains trouvent cela égoïste. Mais ce n’est pas le je égocentrique, mais le je du positionnement que je vous invite à pratiquer.

      Je ne pense pas que cela empêche de se préoccuper de l’autre. D’ailleurs, j’ai bien envie d’écrire un article sur la relation d’aide, car non seulement il est possible de dire je dans ce type de relation mais en plus cela ouvre plein de possibles dans la communication!

      Je suis très touchée par ton témoignage, j’ai eu aussi beaucoup de plaisir à travailler et à partager avec toi. Cela me rappelle que le temps passe et que je laisse parfois se distendre les liens… j’espère que tu vas bien et je serais heureuse d’avoir de tes nouvelles.

      Je t’embrasse.

      Anaïs

  2. Nina dit :

    Anaïs…..j’y vois flou : puis-je (pour utiliser le « je ») être en colère après un retard ? Puis-je dissocier à ce point le verbe et le sujet, l’acte et la personne ?
    Je conçois bien de ne pas cataloguer, ni condamner une personne en fonction de ses faits et gestes, ou de ses réflexions. Cependant dans la phrase :
    « …..je suis en colère par rapport à ce retard », m’évoque que le retard n’a aucun rapport direct avec la personne. Comme si le retard était en soi doué de vie et que c’est le retard qui a mu la personne et non la personne qui pour différentes causes (organisation, accident….) s’est mise en retard.
    J’entrevois mieux le fait de dire :
    « j’étais inquiète de ne pas te voir rentrer, je suis en colère que tu sois en retard, je te propose de trouver ensemble une solution pour me prévenir la prochaine fois, ou bien convenir d’un temps d’attente raisonnable avant que je m’en aille si je ne te vois pas arriver… ».
    L’idée, pour moi, est de considérer la responsabilité de chacun : l’inquiétude et la colère relève de la responsabilité du « je » et le retard, le manque d’information relève de la responsabilité du « tu ».

  3. Anaïs dit :

    Bonsoir Nina,

    Merci pour tes sollicitations toujours stimulantes 🙂

    Je te rejoins : le retard provient bien de la personne et n’est pas un être à part entière 😉 Il ne s’agit pas de déresponsabiliser la personne : le retard est bien chez elle, donc elle en est responsable.
    Ceci dit, je te propose de dire « je suis en colère par rapport à ton retard » ou « je suis en colère quand je te vois arriver en retard », plutôt que « je suis en colère quand tu es en retard ». Bon, c’est subtil, je te le concède 😉 C’est pour éviter de parler sur l’autre.
    Autrement, le reste de ta formulation me semble très relationnel.

    N’oublions pas qu’outre la sémantique, c’est l’esprit qui compte : se responsabiliser et rester à son bout de la relation.

    Bravo à toi !

  4. Agnès Emma dit :

    Bonjour Anaïs,
    Tu as tout à fait raison. Quand j’ai commencé à parlé en « je », je commençais souvent par « je pense que TU … ». Ce qui était très maladroit. Tu vas peut-être trouver cela excessif. Mais, de mon côté, j’hésite d’employer tu,ta,ton etc.

    Par exemple, je préfère dire, « la 306 est garée au mauvais endroit » et non « ta voiture est mal garée. » Ça parait excessif. Mais, au moins, cela évite de stimuler ma frustration envers l’autre. Cela évite que je dise TA voiture est mal garée. TU aurais pu faire attention »

    Tes articles sont très efficaces. J’ai apprécié ta plume. Félicitations et surtout, bonne continuation.

    À bientôt