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Comment aider une personne victime de violence conjugale

Le livre Violence conjugale : écouter et aider
J’ai récemment écrit et publié un ouvrage intitulé « Violence conjugale : écouter et aider ». Dans ce livre, je mets à disposition des professionnels, mais aussi de toute personne en contact avec des victimes, des informations, une méthodologie d’écoute et des pistes d’orientation.

Dans cet article, je vous transmets des informations utiles pour pouvoir aider les personnes victimes de violence que vous pouvez rencontrer dans votre vie personnelle ou professionnelle.

Il y a environ une femme sur 10 qui subit des violences au sein du couple, par conséquent nous sommes tous en contact avec des personnes concernées, même si nous l’ignorons. Certains hommes subissent également des violences conjugales.

Lorsqu’on se trouve au contact d’une personne victime de violence conjugale, on se sent souvent impuissant et malheureux.

C’est d’autant plus vrai lorsque c’est notre ami(e), notre collègue ou notre sœur qui subit des violences. Il est très difficile de voir un proche souffrir et sombrer dans l’emprise. Comment aider sans être intrusif ? Comment parler de ce sujet si difficile ? Comment être présent sans se surinvestir dans une situation qui n’est pas la nôtre ?

Bien souvent, nous donnons des conseils, nous tentons de convaincre la personne que la situation dans laquelle elle se trouve est dangereuse ou mauvaise pour elle… Mais force est de constater que cette attitude ne fait que renforcer la dépendance de la personne victime et qu’elle n’est donc pas véritablement aidante.

Je vais vous livrer quelques conseils pour trouver le positionnement juste. Ces conseils sont tirés de ma propre expérience professionnelle, ayant travaillé pendant 6 ans auprès des victimes de violences conjugales quotidiennement.

Au préalable, rappelons que la violence constitue une atteinte à la personne et que toute forme de violence est interdite par la loi : violence psychologique, verbale, physique, sexuelle…

Voici 4 clés pour venir en aide à une personne victime :

1. Parler, poser des questions

La personne victime de violences conjugales est souvent enfermée dans un silence toxique. Elle ne trouve pas la force de parler de ce qu’elle vit car elle est envahie par des sentiments de honte et de culpabilité. Elle a peur de rencontrer l’incompréhension de ses proches. Une personne victime est souvent menacée par son conjoint si elle parle.

Pour toutes ces raisons, si vous trouvez que votre amie, sœur, collègue, voisine… a un comportement inhabituel, qu’elle est triste, qu’elle semble craindre son compagnon… je vous invite à oser lui poser la question : « comment ça se passe dans ta relation de couple ? Est-ce qu’il y a de la violence ? » Sans poser la question, vous risquez de passer à côté de son vécu, elle n’osera probablement pas vous parler ce ce qu’elle vit.

Même si elle répond par la négative dans un premier temps, elle saura qu’elle peut aborder le sujet avec vous le jour où elle se sentira prête.

2. Écouter sans juger

Si elle est prête à parler, vous pourrez alors accueillir ce qu’elle dit sans la juger.

Il s’agit en tant qu’écoutant d’accepter que je ne sais pas à la place de l’autre ce qui est bon pour lui. Cela demande une bonne dose d’humilité et d’empathie.

Cette écoute va permettre à la personne d’être enfin entendue dans ce qu’elle vit et cette attitude est très précieuse. Je vous invite à lire ou relire mon article sur l’écoute pour approfondir vos compétences en la matière.

Par ailleurs, cela va vous permettre de l’aider à identifier ses besoins. Vous pourrez lui demander : « de quoi as-tu besoin? », ce qui vous donnera des pistes pour proposer votre aide ensuite le cas échéant.

Il est très difficile de ne pas juger : souvent, nous jugeons ce que nous ne comprenons pas. Or la violence conjugale est un phénomène complexe. Pour plusieurs raisons, il est difficile de quitter un partenaire violent et cela se fait souvent en plusieurs étapes, avec des allers-retours. Même si cela vous paraît incompréhensible, je vous invite à ne pas juger ce processus.

3. Rappeler la loi

Vous pouvez à bon escient rappeler à cette personne que la loi interdit toute forme de violence et que face à des actes de violence, la victime a des droits. Des personnes peuvent l’aider à les faire valoir. La victime a notamment le droit de déposer plainte.

Cela lui permettra de commencer à se sentir moins coupable de ce qu’elle vit. La personne victime croit souvent qu’elle est responsable de la violence qu’elle subit car c’est ce que lui dit son agresseur.

4. Proposer son aide et passer le relais

Une fois que vous avez identifié quels sont ses besoins et ses priorités (être soutenue psychologiquement, trouver un logement ou un hébergement, être informée sur ses droits…), vous pouvez l’orienter vers les partenaires qui vont l’aider dans ses démarches : associations qui aident les victimes de violences, assistant social, thérapeute…

Si vous en avez la possibilité et le désir, vous pouvez aussi proposer votre propre aide pour héberger la personne, garder ses enfants pendant qu’elle fait des démarches…

Un numéro à connaître et à donner dans tous les cas  : le 3919. C’est le numéro national d’écoute et d’orientation pour les victimes de violences conjugales.

 

A travers votre écoute et votre bienveillance, vous avez un vrai rôle à jouer… chacun peut participer à ce que les personnes victimes puissent enfin se dire et être entendues dans ce qu’elles vivent… et enfin aller vers le meilleur d’elles-mêmes.

 

Si vous souhaitez aller plus loin, je vous invite à vous procurer mon livre : vous y trouverez une méthodologie d’écoute et d’accompagnement ainsi que les informations juridiques importantes à donner aux victimes.

Je l’ai écrit pour les professionnels mais le langage est simple et je sais qu’il aidera aussi les proches des victimes.

Vous pouvez le commander à l’adresse suivante :

http://www.thebookedition.com/violence-conjugale–ecouter-et-aider-anais-euverte-p-128993.html

 

Voici d’ailleurs une vidéo de présentation de mon livre :

 

Ecouter l’enfant

Je réponds aujourd’hui à une demande d’une maman :

« Mon fils de 8 ans a tous les ans à la même époque, c’est à dire depuis 2 ans après les vacances de la Toussaint, une désorganisation et déconcentation à l école. Il est ailleurs. Merci de m’aider. »

 

Quand je lis votre question, je suis tentée de répondre dans la simplicité car il me semble que votre enfant n’est pas le seul dans ce cas.

1) Désorganisation et déconcentration peuvent être simplement les symptômes d’une fatigue. Il s’agirait de vérifier si votre enfant dort bien et se nourrit de façon équilibrée. Si ce changement de comportement intervient après des vacances, il est possible que ce soit lié au changement de rythme.

Nous exigeons souvent beaucoup de nos enfants, les emplois du temps entre l’école et les loisirs sont parfois chargés pour eux. C’est peut-être aussi le signe qu’il a besoin de souffler ou de rêver, d’où son comportement d’être ailleurs.

Mais peut-être vit-il des choses difficiles à l’école, avec son professeur ou avec ses camarades de classe. Il peut aussi vivre difficilement quelque chose au sein de sa famille (conflit entre les parents, avec ses frères et sœurs…) : ce n’est pas parce ce que le comportement se passe à l’école, que c’est lié à l’école.

Il s’agirait d’observer votre enfant pour en savoir plus et d’engager un dialogue à ce sujet pour identifier ce qu’il vit et de quoi il aurait besoin.

Les questions clé pour vous guider sur cette première piste serait « qu’est-ce qui se passe pour toi ? de quoi as-tu besoin? »

 

2) Si vous pensez qu’il ne s’agit pas d’un besoin non comblé de votre enfant et que vous ne pouvez pas relier ce comportement à une situation vécue, rappelez-vous que les comportements des enfants sont des langages.

Votre fils dit par ce comportement quelque chose qu’il ne dit pas autrement.

Là encore, seule l’écoute que vous pouvez lui proposer permettra d’en savoir plus.

La question clé pour vous guider sur cette 2ème piste serait « que tentes-tu de dire? »

Vous notez que ce comportement se reproduit depuis 2 ans à la même époque, est-ce que vous pouvez relier cela à un événement précis qui serait survenu à la Toussaint (décès, déménagement, séparation, perte d’un animal….)? Cela peut vous guider également.

Vous pouvez vous demander la même chose à votre sujet : est-ce que cette période est chargée pour vous émotionnellement, symboliquement ? Car les enfants ressentent cela, il entendent au-delà des mots les souffrances non dites de leurs parents.

 

Ce sont simplement des pistes d’écoute que je vous livre là.

Dans tous les cas, il ne s’agit pas de coller à un comportement d’enfant une explication que nous aurions en tant qu’adulte, mais bien de montrer à l’enfant que nous entendons, nous remarquons son comportement et de lui permettre ainsi d’être entendu…. La réponse étant bien sûr chez l’enfant.

Pour approfondir cette question de l’écoute, je vous invite à lire mon article sur le sujet : quelques pistes pour écouter.

 

N’hésitez pas à nous tenir au courant !

Quelques conseils pour écouter

orecchio e onde sonoreSavoir écouter permet de rencontrer les autres de façon authentique.

La Méthode ESPERE® permet un apprentissage d’une écoute différente de celle qui est pratiquée habituellement.

Il s’agit bien d’un apprentissage, puisque même si nous croyons être à l’écoute des autres, rares sont les fois où nous proposons réellement cette présence active et disponible à autrui.

En effet, il est fréquent de confondre écouter et rassurer. Par exemple, si ma sœur est triste car son petit ami l’a quittée et que je lui dis « ne t’inquiète pas, 1 de perdu, 10 de retrouvé ! »… Je ne l’écoute pas, je ne reçois pas sa tristesse… elle ne peut pas se sentir entendue et acceptée.

Voici donc quelques conseils si vous souhaitez développer vos capacités d’écoute.

1) Choisir d’écouter

Cela vous paraît peut-être évident mais il me semble important de rappeler que si je subis le discours de l’autre, je risque de ne pas proposer une écoute de qualité.

L’écoute, en effet, n’est pas un dû : ce n’est pas parce qu’une personne a quelque chose à dire, que je suis disponible et que j’ai le désir de l’écouter 😉 .

Je vous propose donc de choisir de vous mettre à l’écoute. Vous seul êtes responsable de vos oreilles 😉

De cela dépendra vraiment la qualité de l’écoute que vous proposerez.

2) Se rendre disponible

Si nous avons fait le choix de proposer notre écoute à quelqu’un, cela va prendre un peu de temps sans doute, je vous invite donc à vous rendre disponible pour pouvoir écouter pleinement.

La disponibilité concerne aussi notre état intérieur… Si nous avons une contrariété, une préoccupation à l’intérieur de nous, il nous sera plus difficile d’écouter.

3) Faire le vide à l’intérieur

Il s’agit alors de rentrer dans l’écoute. Plus rien ne me gêne à l’intérieur, je suis en paix, alors je peux écouter, je peux entrer dans le monde de l’autre, je peux découvrir ce qu’il vit.

Cela va me permettre de développer de l’empathie, c’est-à-dire cet effort de compréhension et de prise en compte du cadre de référence et des valeurs de l’autre, comme si on était à sa place.

4) S’ouvrir à l’autre

S’ouvrir à l’autre, c’est accueillir tout ce qui vient de lui : ses paroles, mais aussi ses silences, ses hésitations, ses contradictions… et tout le langage non-verbal (gestuelle, corps…) et para-verbal (voix, intonation…).

La capacité d’ouverture est proportionnelle à notre liberté intérieure vis-à-vis de nos propres résonances. Je ne peux écouter librement et paisiblement que si cela ne résonne pas en moi. L’un des obstacles majeurs à l’écoute est en effet le retentissement, ce qui est réveillé en moi par ce que dit l’autre.

Si la souffrance de l’autre par exemple fait écho à la mienne, l’écouter va me sembler insupportable.

 5) Écouter la personne plutôt que ce dont elle parle

L’écoute centrée sur la personne est un concept qui a été mis en lumière et développé par Carl Rogers.

Il s’agit, lorsqu’une personne parle, de garder notre attention sur elle et non sur ce qu’elle raconte. Quoi qu’elle dise, cela consiste à se demander comment elle le vit.

Si votre amie vous parle de son père qui est malade, par exemple, vous pourriez être tenté de poser moult questions sur l’état de santé de son père, ses traitements etc… Or le plus important n’est-il pas de se demander comment votre amie vit cela, comment elle se sent dans cette situation?

Cette forme d’écoute permet vraiment de rencontrer l’autre au plus près de ce qu’il vit.

6) Pratiquer l’écoute active

Écouter, ce n’est pas simplement se taire 😉 C’est un peu plus que cela.

La parole de l’écoutant et toute son attitude doivent pouvoir signifier à l’autre qu’il est entendu et l’encourager à aller au bout de sa parole.

Pour cela des questions peuvent être posées, de préférence des questions ouvertes, qui permettent d’en savoir plus. Les questions ouvertes, sont celles par lesquelles on peut répondre par autre chose que oui ou non. Elles commencent par « comment », « qu’est-ce que… », « quand », « où »…

Attention toutefois à veiller à ne pas être intrusif par le questionnement.

7) Permettre à l’autre de se relier à ses ressources

Je vous invite à développer une écoute participative, c’est -à-dire de permettre à la personne de trouver un chemin vers ses propres ressources.

Quand une personne rencontre un problème et qu’elle cherche votre écoute, ce n’est pas de votre solution dont elle a besoin… C’est de la sienne 😉

Si vous écoutez avec empathie, la personne aura cette possibilité fabuleuse de pouvoir à l’aide de votre écoute cheminer vers elle-même, de s’entendre et de se relier à ses propres ressources.

C’est un magnifique cadeau à lui faire…

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Interview de Jacques Salomé

Anaïs EUVERTE post on octobre 26th, 2013
Posted in La communication relationnelle Tags: ,

Bonjour,

Je vous partage cette interview de Jacques Salomé, éclairante comme toujours 🙂

http://www.dailymotion.com/video/xvwzd2_interview-exclusive-de-jacques-salome_lifestyle

 

 

Bonne mise en pratique !